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L’interpénétration

        Bien que nous appartenions tous à la même espèce, nos façons de penser semblent destinées à être différentes. S’il y a un commun unique, applicable à tous, l’eau peut-elle décrire ce vecteur que tous partagent, propice à la compréhension de soi, mais aussi du monde, du cosmos?
        Si le corps est fait de matière, de molécules, d’eau, dans quelles mesure pouvons-nous considérer qu’au contact de l’eau, notre corps en perçoit la matière? Peut-on envisager une interpénétration entre corps et fluidité ? En quoi l’acte de peindre participe-t-il au jeu, au rituel permettant, en quelques sortes, de devenir cette eau? Enfin, de quelle façon cela permetil de renouveler notre connaissance de la peinture?
        Ces présuppositions nous invitent à percevoir le monde
différemment, à travers cette notion d’eau. De nos jours, l’élément liquide est devenu un thème de discussion majeur, notamment dans son rapport aux problématiques environnementales contemporaines. Il est important pour l’artiste, dans cette optique, de considérer l’eau en tant qu’être vivant, étant elle-même le milieu propre à tout être vivant. Du point de vue de la matière, notre corps est finalement une eau qui se transforme de manière intrinsèque et transforme parallèlement toute chose extérieure. Notre corps
constitue aussi un univers en soi.
          « Par la Voie, j’avais envie de tendre vers le Vide, l’eau originale qui est la connaissance du monde et de ce qui tend vers un au-delà. Ainsi, la peinture est, pour moi, un cadavre évoquant le souvenir du temps passé ensemble, temps qui va germer à nouveau pour diffuser son énergie créatrice. Il s’agit d’un aspect réellement présent dans ma pratique.
        La toile est un champ qui permet la rencontre non seulement de mon esprit et de mes matériaux, mais aussi de mon corps avec l’eau. Une fois l'action terminée, la toile finalement gît, tel un cadavre, car elle évoque le souvenir du temps passé avec elle, un temps voué à renaître en donnant ses énergies et ses matières à tous » .
– extrait du Cahier de l’artiste, 2013 –
        Dans un processus de continuelle interaction unifiante, la peinture devient une unité organique vivante. Les formes peuvent être contradictoires et pourtant elles fonctionnent ensemble, le tableau se présente alors comme un plan découpant le mouvement de l’eau, cette même eau qui fuit, qui s’écoule à l’intérieur d’elle-même.
        L’interpénétration est peut-être un processus du désir, le désir de l’eau et le désir de l’artiste. Ces deux élans se mélangent et s’amalgament pour produire chaque image.Faire de la peinture n’est pas toujours peindre, c’est rencontrer et être ensemble avec l’objet.
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